Retour d’expérience de Serge Yoccoz,
Managing Director de Renault!

Pourquoi lancer/développer une digital factory ?

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Pourquoi lancer/développer une digital factory ? Quel intérêt ? Quelles erreurs à éviter ?

Pour obtenir des réponses à ces questions que de nombreux dirigeants du digital se posent, nous avons interviewé Serge Yoccoz, Ex Managing Director de Renault Digital, l’une des plus grandes digital factory jamais créée (300 personnes).


Serge, merci de nous recevoir, peux-tu te présenter s’il-te-plait ?


Je suis Serge Yoccoz, Digital Strategy Adviser pour Hubadviser et Président de la société Digitforhumans. Avant cela, j’ai occupé les fonctions de Managing Director de Renault Digital, Global CMO pour Nissan et VP strategy pour le groupe Renault.

Pourquoi Renault a décidé de lancer une grande digital factory (+ 300 personnes) en 2017 ?


A l’époque on avait mené un audit de la DSI et on s’était rendu compte que l’on était pas au niveau des standards attendus, que ce soit vis-à-vis de la concurrence mais aussi de nos propres exigences.
On a réalisé que le meilleur moyen de refaire notre retard était de créer une structure indépendante avec une convention collective différente (Syntec vs Automobile). Notre but était d’attirer de nouveaux talents afin d’accélérer notre transformation. La digital factory avait aussi son propre système d’achat, différent de celui du groupe, ce qui nous a permis de contractualiser beaucoup plus facilement avec des startups innovantes.

Renault Digital a employé 300 collaborateurs en 12 mois, était-ce le bon choix d’aller si vite et si fort ?


Avec le recul, je pense que c’était le bon choix car cela nous a permis de créer un élan fort au sein du groupe. On a multiplié les initiatives et créé une réelle dynamique.
Surtout que de nombreuses initiatives ont débouché sur des projets rentables qui ont généré de la valeur. Si on avait décidé d’investir mollement et petit à petit je ne suis pas convaincu qu’on aurait atteint les résultats obtenus.

Comment avez-vous financé la digital factory ?


On a littéralement fait un tour de table et levé des fonds en interne. J’ai personnellement passé beaucoup de temps avec différents membres du CODIR pour expliquer notre vision et les raisons pour lesquelles on souhaitait le faire. Forcément on s’expose mais c’est vraiment stimulant.

La première année la totalité du budget de la Digital Factory venait directement du corporate. Puis on a augmenté petit à petit la contribution des Business Units qui bénéficiaient de Renault Digital. On a atteint au bout de 3 ans un 50-50. Le corporate apportait 50% du budget et les BU les 50% restants.

Qu’est-ce-Renault Digital a apporté au Groupe Renault ?


Si je devais résumer ce serait une plus grande efficacité opérationnelle. On a contribué au business en travaillant beaucoup à l’amélioration du parcours client et de la customer experience.
Mais surtout on a eu un impact dans les opérations. On a travaillé avec des usines en Espagne sur du Manufacturing 4.0 et on a réussi à avoir une réelle valeur ajoutée.

Avec du recul, qu’est-ce-que vous auriez pu mieux faire ?


Plein de choses (rires). On a évidemment commis plein d’erreurs et il faut les reconnaitre. J’en vois trois évidentes :

1- Notre retard dans le move to cloud : faire la bascule vers le cloud public nous a permis de réduire considérablement notre time to market.

2- Certains recrutements : on a par exemple recruté trop de Data Scientists alors que ce n’était pas la compétence dont on avait besoin en priorité. Avec du recul, nous aurions du staffer en priorité des Data Engineers.

3- La relation avec les startups : on a pas su sécuriser autant de partenariats que l’on aurait dû.
Le retour d’expérience de Serge comprend aussi des volets relatifs à la relation avec les cabinets de stratégie, l’agile at scale, la gestion des talents et la sécurisation du sponsorship.

Si vous souhaitez discuter de votre contexte avec Serge, faites-le nous savoir. Nous pourrons organiser une consultation avec lui, ou avec l’adviser le plus pertinent.