Nous avons rencontré une centaine de CDOs (Chief Digital Officer et/ou Chief Data Officers) depuis 2016. La plus part ont été nommés à la suite d’une création de poste ou sont seulement le deuxième CDO dans l’histoire de leur entreprise. Leur problématique est souvent la même, il faut prouver rapidement sa valeur et démontrer un impact business. L’expression dédiée pour matérialiser cette volonté est « obtenir un quick win »: un résultat probant obtenu dans les premiers mois du mandat.

“Le quick-win c’est le moyen de faire taire les sceptiques“

Le quick-win est souvent considéré comme vital : c’est le moyen de faire taire les sceptiques et d’éteindre les critiques en interne concernant les investissements trop importants consacrés « au digital ». Un grand machin qui coûte beaucoup d’argent mais qui rapporte peu.

« Le digital ce n’est pas l’innovation »

Mais où obtenir ce fameux quick-win? Le champs des possibles est énorme, il ne faut pas se disperser mais plutôt se concentrer sur un sujet, une niche sur laquelle se positionner pour briller.

Le quick-win peut se faire au Marketing pour améliorer le taux d’acquisition client, à la Supply Chain pour mieux gérer les entrepôts ou à la finance pour améliorer le forecasting. Le cadre est large et le temps tourne, il faut vite délivrer un projet, vite montrer que « le digital ce n’est pas l’innovation » et que ça n’a rien d’une « usine à POC » (Proof Of Concept).

“On doit coordonner des départements aux intérêts bien différents, de véritables baronnies“

Très souvent , les CDOs choisissent un sujet précis pour leur Quick win. Un sujet sur lequel ils sont intimement convaincus qu’il y’a un ROI facile à chercher. Ils se lancent dans la bataille, multiplient les meetings avec les parties prenantes, expliquent leur vision, leurs objectifs et se prennent le choc de culture en pleine face. Leur volontarisme se heurte à l’immobilisme ambiant, ils doivent composer avec la politique interne et coordonner des départements aux intérêts bien différents (IT, Finance, Marketing etc), de véritables baronnies qui ne lâcheront aucun pousse de territoire. Le quick-win, quant à lui est toujours loin. Les CDOs s’épuisent, se bagarrent, doutent mais ne gagnent pas encore. Ils ne sont pas encore suffisamment armés pour obtenir cette victoire.

Éviter le piège du Quick Win

La solution ? Il n’y en a pas vraiment, du moins il faut éviter le piège du « Quick Win » pour trois raisons principales :

1) Rien n’est quick mais tout est lent (on enfonce une porte ouverte mais c’est dramatiquement vrai). Se mettre une pression énorme pour sortir un quick win en quelques mois est contre-productif. Votre rôle s’inscrit dans la durée, on ne transforme pas une entreprise historique en quelques mois. De plus vous risquez de mettre une pression inutile à vos équipes.

2) La quête du quick-win va vous plonger beaucoup trop vite dans des considérations opérationnelles et vous risquez de passer à côté de la « big picture ».

3) Avant d’obtenir un « win » il faut générer une demande interne. Une démarche Market Pull sera toujours plus puissante qu’une approche Techno Push. Par Market Pull, j’entends que la demande vient du business, c’est le business qui vous demande d’intervenir et pas l’inverse. Si vous avez une approche techno push, vous risquez de ne pas obtenir une adhérence forte de la part du métier, vous rentrerez dès lors dans une zone de turbulence. Le métier sera beaucoup plus difficile à embarquer.

Cependant, obtenir une demande interne nécessite du temps ce qui est souvent incompatible avec l’obtention d’un quick win.

Les premiers mois de votre mandat doivent plutôt vous servir à observer, connecter et comprendre les motivations des uns et des autres ainsi que les agendas cachés.

Votre action concrète sera certes décalée dans le temps mais elle sera beaucoup plus efficace.

De nombreuses questions se posent alors :

• Quels sont les priorités d’un CDO à son arrivée?
• Comment embarquer les métiers ?
• Comment sélectionner les premiers business case ?

Nous aborderons toutes ses questions avec l’un de nos advisers, Serge Yoccoz , Ex Directeur Général de Renault Digital & Ex VP Strategy chez Renault, dans une prochaine vidéo!